Saint Thomas d’Aquin, Fontaine de Sagesse

par Antoine Nicolas (1648)
Ce tableau du XVIIe siècle témoigne de la ferveur des catholiques à l’égard de saint Thomas d’Aquin. Ce dominicain étudie puis enseigne la théologie à l’université de Paris au milieu du XIIe siècle. Ses écrits, rédigés à Paris, sont contemporains de l’ouverture de Notre-Dame.

Saint Thomas d’Aquin (1225-1274)

Né en Italie, Thomas d’Aquin entre dans l’ordre dominicain en 1244. Il vient à deux reprises étudier à l’université de Paris en 1245 et 1252. Il est probable qu’il fréquente Notre-Dame dont le premier chantier vient toujours juste de s’achever sous le règne de saint Louis. Parti enseigner la théologie à Rome, il retourne à Paris en 1268 alors que des querelles morales autour des pensées d’Aristote font rage dans l’Église. Là, durant quatre ans, il écrit la majorité de son œuvre. Ses propos questionnent la foi et l’existence de Dieu à travers la nature et la connaissance du monde. Ainsi, il associe théologie et philosophie. Somme toute, ses écrits portent sur l’âme, le corps, les passions, la liberté et la béatitude.

Considéré comme père spirituel de l’Église, inhumé à Toulouse puis canonisé en 1323, il obtient en 1567, à titre posthume, le nom de « docteur de l’Église ». A cette époque, ses écrits sont controversés par les protestants lors de la Réforme. Au milieu du XVIIe siècle, l’enseignement de saint Thomas d’Aquin est largement diffusé par l’Église catholique. Sa renommée s’accroit lorsqu’Ignace de Loyola le choisit comme maitre spirituel de l’ordre des jésuites, dont Louis XIII et Louis XIV soutiennent l’enseignement.

Le tableau

Identifiable par son titre de doctor angelicus, inscrit sur le piédestal, saint Thomas d’Aquin s’illustre assis au centre, vêtu de l’habit dominicain. Il tient un crucifix de la main droite, et un livre ouvert de la main gauche. Il porte également une parure composée d’un soleil d’or sur une chaine et une chape étoilée. C’est avec ces ornements qu’il apparait en vision au dominicain Albert de Brescia au XIIIe siècle. Saint Augustin explique que son enseignement a éclairé l’Église comme ce soleil sur sa poitrine. Par conséquent, soleil et chaîne dorée deviennent les attributs iconographiques de saint Thomas d’Aquin.

De part et d’autre du saint, des personnages tendent des écuelles pour boire à la source jaillissante. Une inscription au bas de la toile indique « Hi puros promunt divino e fontes liquores » qu’on peut traduire par « Eux tirent de pures liqueurs de la fontaine divine ». Sa théologie se compare à une « liqueur » spirituelle qui abreuve les âmes qui ont soif de connaître Dieu. Les religieux autour de saint Thomas d’Aquin appartiennent à divers ordres religieux : dominicain, carmélite, franciscain, capucin. Parmi eux, figure un roi (le jeune Louis XIV ?) paré de l’hermine. Deux jeunes gens au premier plan ont également accès à la source.

Antoine Nicolas

Antoine Nicolas, originaire de Langres, peint se tableau en 1648, l’époque de la Régence. A cette période, Louis XIV est un jeune roi mais ne gouverne pas encore. On ignore donc l’origine de cette commande. La communauté des Dominicaines de Saint-Maur-des-Faussés conserve le tableau avant de le donner au couvent dominicain de l’Annonciation du faubourg Saint-Honoré à Paris vers 1950. Le couvent en fait don à Notre-Dame de Paris à l’occasion du 700e anniversaire de la mort de saint Thomas d’Aquin.