La Prédication du prophète Agabus à saint Paul

par Louis Chéron (1687)
Le May de 1687 illustre le thème de la confiance et de la foi de saint Paul. Face à Agabus, disciple de Jésus, qui prédit sa mort il répond « je suis prêt ». Le tableau est peint par le Louis Chéron.

Agabus

Agabus est un habitant de Jérusalem. Disciple de Jésus, il l’envoie prêcher. Dans les Actes des Apôtres, Luc le considère comme un prophète. Ainsi, il raconte qu’Agabus, venu de Jérusalem vers Antioche, prédit une grande famine, laquelle a lieu sous le règne de Claude. (Chapitre 11, verset 28). Au chapitre 21, il rapporte les circonstances dans lesquelles le prophète prédit la mort de Paul, ainsi que la réponse de Paul.

Saint Paul, né Saül de Tarse, se convertit au christianisme et prêche en Syrie, vers 40. Il s’établit ensuite à Corinthe avant de revenir à Jérusalem en 60, où il se déroule son arrestation. Transféré à Rome, il y vit en semi-liberté puis, se fait décapiter en 67 sur la route d’Ostie. Ses écrits influencent l’Évangile de Luc.

Dans les écritures

Nous sommes allés à Césarée, nous sommes entrés dans la maison de Philippe l’évangéliste, […] et nous sommes restés chez lui. […] Comme nous restions là plusieurs jours, un prophète nommé Agabus descendit de Judée. Il vint vers nous, prit la ceinture de Paul, s’attacha les mains et les pieds, et dit : « Voici ce que dit l’Esprit-Saint : L’homme à qui appartient cette ceinture, les Juifs l’attacheront comme cela à Jérusalem et le livreront aux mains des païens. » Quand nous avons entendu cela, nous et ceux de l’endroit, nous l’exhortions à ne pas monter à Jérusalem. Alors Paul répondit : « Que faites-vous là à pleurer et à me briser le cœur ? Moi je suis prêt, non seulement à me laisser attacher, mais encore à mourir à Jérusalem pour le nom du Seigneur Jésus. » (Actes des Apôtres, chapitre 21, versets 8 à 13)

Le tableau

Agabus, assis au centre de la composition, lève le bras droit vers la colombe, symbole du Saint-Esprit. Il prédit à Paul son futur martyr. Paul se situe à gauche de la composition, au milieu de quatre disciples, dont l’un se lamente à ses pieds. Toutefois, son attitude est paisible, les bras ouverts en signe d’acception. Ce geste interprète le texte de saint Luc « je suis prêt ». D’autre part, il indique de sa main gauche la ceinture liée au pied d’Agabus par laquelle il est prêt à mourir en martyr. A droite, un groupe de femmes exprime leurs émotions à l’annonce de la prédication. La lecture de la composition est claire et lisible. Bien que Agabus soit au centre de la scène, l’artiste rappelle que le principal protagoniste de la scène est saint Paul qu’il vêt de rouge, couleur du rang des cardinaux et du sang des martyrs.

Louis Chéron (1660-1725)

Louis Chéron, un peintre parisien, honoré par deux fois du Prix de Rome en peinture. A Rome, il étudie Raphaël et le maniérisme italien. En effet, on retrouve l’influence de Raphaël dans l’architecture classique du fond de la scène et la monumentalité des personnages aux amples drapés, tel qu’il a pu les voir dans les Chambres de Vatican. Le maniérisme s’exprime à travers les couleurs acides et sombres à droite de la composition. Il a vingt-sept ans lorsqu’il livre sa commande. La chapelle Notre-Dame de Guadalupe accueille son May, malgré un succès de courte durée. D’origine protestante, l’exiler à Londres lui est inévitable. En revanche, c’est dans cette ville qu’il gagne sa renommée. Plus tard, son enterrement a lieu l’église Saint-Paul de Covent Garden.