La Lapidation de saint Étienne

par Charles Le Brun (1651)
Ce May, offert par la corporation des orfèvres à Notre-Dame en 1651 est peint par Charles Le Brun. Il représente le martyr de saint Etienne tel que décrit dans les Actes des Apôtres.

Saint Étienne

Étienne ou saint Étienne, prédicateur érudit, connu pour ses discours argumentés ainsi, condamné à Jérusalem à la lapidation pour blasphème. De fait, il est également le premier martyr chrétien condamné après la mort du Christ. Sa foi entraine la conversion de Saül de Tarse, connu sous le nom de saint Paul.

Dans les écritures

Au chapitre 6 des « Actes des Apôtres », Luc présente Étienne comme un juif helléniste converti au christianisme. Choisi par les Apôtres, Étienne est plein de la grâce et de la puissance de Dieu, accomplissant, parmi le peuple, des prodiges et des signes éclatants (verset 8). Si bien qu’il fait l’admiration de tous.

Un jour, des juifs l’accusent faussement de blasphème et de complot contre les institutions de la Loi. Ils le traduisent devant le tribunal du grand-Prêtre, le Sanhédrin. Là, inspiré par le Seigneur, Étienne proclame l’Évangile de Jésus-Christ, termine son discours ainsi ; « Hommes à la tête dure, votre cœur et vos oreilles se ferment à l’Alliance ; depuis toujours vous résistez à l’Esprit Saint ; vous êtes bien comme vos pères ! Y a-t-il un prophète que vos pères n’aient pas persécuté ? Ils ont même fait mourir ceux qui annonçaient d’avance la venue du Juste, celui-là que vous venez de livrer et de mettre à mort. » (verset 51 et 52)

En écoutant cela, ils s’exaspèrent contre lui. Étienne, regarde vers le ciel et déclare : « Voici que je contemple les cieux ouverts et le Fils de l’homme debout à la droite de Dieu. » Alors ils poussèrent de grands cris et se bouchèrent les oreilles. Ils se précipitèrent sur lui l’entraînèrent hors de la ville pour le lapider. Les témoins avaient déposé leurs vêtements aux pieds d’un jeune homme appelé Saül (versets 56 à 58). Étienne, pendant qu’on le lapidait, priait ainsi : « Seigneur Jésus, reçois mon esprit. » Puis, se mettant à genoux, il s’écria d’une voix forte : « Seigneur, ne leur compte pas ce péché. » Et, après cette parole, il s’endormit dans la mort (versets 59 et 60).

Le tableau

Avant tout, le tableau représente le moment où Étienne est traîné hors de la ville de Jérusalem. Son martyr a supposément lieu à la Porte de Damas. On l’observe, étendu sur le sol, les bras écartés, lapidé par ses bourreaux. Alors qu’un autre groupe, assiste à la scène. Le jeune Saül fait référence à Saül de Tarse convertit sur le chemin de Damas à Jérusalem (cf La Conversion de saint Paul de 1637). Dans le ciel, des anges portent Dieu le Père et le Christ. Le Christ porte ainsi sa croix et tend la main vers le jeune martyr qui le contemple.

Le choix de l’iconographie concorde avec l’histoire de Notre-Dame, construite sur l’emplacement de l’ancienne église Saint Étienne. D’ailleurs, une des cloches de la cathédrale porte le nom de saint Étienne, en hommage au saint patron, premier diacre de la chrétienté. Peu de temps après sa réalisation, ce tableau est largement reproduit en gravure et en peinture. En effet, il s’agit de l’affirmation du pouvoir politique catholique en France.

Charles Le Brun (1619-1690)

Charles Le Brun a reçu la commande de ce May de 1647. Toutefois, lorsqu’il peint ce tableau en 1651, sa réputation est déjà solide. Grâce à Mazarin, il vient d’entrer au service de Louis XIV après avoir fondé en 1648 l’Académie Royale de Peinture et de Sculpture. Le tableau se trouve dans la chapelle saint Éloi, patron des orfèvres, dont la corporation finance les Mays de Notre Dame. De cette manière, ils rendent hommage autant au premier martyr chrétien qu’à l’illustre artiste du roi.