Les « Mays » de Notre-Dame de Paris

Les « Mays » de Notre-Dame sont de grands tableaux commandés par la corporation des orfèvres parisiens en accord avec les chanoines pour les offrir le 1er mai à Notre-Dame. Ils sont réalisés entre 1630 à 1707 par des peintres célèbres à leurs époques.

Le May, offrande de la corporation des orfèvres

Le 1er mai 1449, la corporation des orfèvres parisiens inaugure l’offrande du May à Notre-Dame de Paris. Il s’agit d’un arbre décoré de rubans, planté devant le maître-autel en signe de dévotion à Marie. Quelques décennies plus tard, les orfèvres ajoutent un petit tabernacle composé de poèmes. L’ensemble alors suspendu à la voûte. En 1533, des tableaux de l’histoire du Vieux Testament, commençant par la Création du Monde apparaissent sur les tabernacles. On les appelle les petits mays. Les sujets sont le plus souvent empruntés à la vie de Marie. A cette date, le mois de mai s’écrit « May » d’où l’orthographe toujours utilisée

Les actes des apôtres

Avec la Renaissance, la peinture religieuse de grand format apparait dans les églises. A Paris, au XVIIe siècle, de grands retables peints décorent les maîtres-autels. A partir de 1630, de grandes toiles de plus de trois mètres de hauteur, illustrant les actes des apôtres, remplacent les petits Mays. Par ailleurs, le cinquième livre du Nouveau Testament rassemble les récits concernant « Les Actes des Apôtres », écrits par saint Luc. Ils relatent l’activité missionnaire des premiers disciples de Jésus.

En définitive, le thème des toiles, choisi en collaboration avec les chanoines de la cathédrale, invite les peintres à soumettre leurs esquisses.

Une opportunité pour les peintres

D’abord placés devant l’autel de la Vierge, les grands Mays, se retrouvent accrochés aux piliers de la nef centrale. Au fur et à mesure que la collection s’agrandit, la localisation des mays change. Il est possible de les retrouver dans les chapelles, les arcades du chœur ou du déambulatoire. Les artistes choisis sont généralement des membres de l’Académie royale de peinture et de sculpture fondée en 1648. Cependant, la commande d’un May est un honneur convoité. La réalisation appartient souvent aux jeunes peintres, au talent prometteur. A une époque où les musées n’existent pas, l’exposition d’une œuvre dans la cathédrale leur procure l’opportunité d’une exposition publique permanente. De ce fait, ces commandes prennent la forme d’un concours et une véritable émulation anime les peintres. Ils y accordent donc un soin particulier pour parfaire leur réputation. Les collectionneurs cherchent également à en acquérir l’esquisse ou à en commander une seconde version.

Une série de tableaux partiellement conservée

En 1708, la dissolution de la corporation des orfèvres est due à difficultés financières. De fait, les commandes cessent. C’est pourquoi, les révolutionnaires saisissent les grands Mays, comme les autres biens ecclésiastiques, en 1793. Sur soixante-treize tableaux commandés par la confrérie entre 1630 et 1707, seuls cinquante et un se retrouvent encore au musée Petits-Augustins ou au Louvre. Dans l’ensemble, la production picturale à Paris au XVIIe siècle reste emblématique de la l’excellence. Finalement, l’évolution du goût permettent à certaines peintures de prospérer, alors que certaines, négligées par la critique, se font oublier.

Puisqu’au XIXe siècle, le décor est jugé encombrant et désuet, lors des restaurations, Eugène Viollet-le-Duc ne retient que quelques œuvres pour décorer des chapelles de la cathédrale. Les autres tableaux sont répartis ailleurs en France entre des églises, le Musée du Louvre, et les musées des Beaux-Arts en région, où ils sont exposés.

Œuvres présentées dans les chapelles de Notre Dame, avant l’incendie de 2019 :