Le tour de chœur

Ce mur sculpté au XIVe siècle illustre des scènes de la vie du Christ. Il forme une séparation entre le chœur et le déambulatoire. A l’origine, il offre aux chanoines un écran de silence durant l’office.

Le jubé des cathédrales

Dans les premières basiliques chrétiennes, les châsses placées dans le chœur conservent des reliques. Au XIIe siècle, le jubé apparait pour fermer le chœur. Il s’agit d’un portique surmonté d’une tribune. Ensuite, le diacre demande au prêtre la permission de lire l’épître ou l’évangile avec cette formule : Jube, Domine benedicere, d’où le nom de « jubé » donné généralement à la tribune.

Au Moyen Age, on conçoit un déambulatoire pour circuler durant l’office. Ainsi, dans le chœur de la cathédrale, le jubé prend la fonction d’écran. Il incarne le respect de la prière et du silence des chanoines rassemblés pour l’office. Au début du XIVe siècle, les travaux de modification du chevet de Notre-Dame s’achèvent sous la direction de l’architecte Pierre de Chelles. De ce fait, sculpteurs, peintres, peintres-verriers et menuisiers travaillent à la décoration intérieure du chœur.

Les maîtres sculpteurs

Bien qu’architecte sur le chantier, Pierre de Chelles élabore aussi le décor du chœur. Il sculpte la partie nord du pourtour représentant des scènes de la vie de Jésus. Cependant, en 1316, il part travailler à la cathédrale de Chartres. L’architecte Jean Ravy assure la suite pendant vingt-six ans. Il réalise la partie sud consacrée aux Apparitions et à l’histoire de Joseph. De surcroît, il se représente agenouillé sur le rebord de la clôture. A sa mort en 1344, son neveu, Jean le Bouteiller achève l’œuvre en 1351.

Le chanoine, Pierre de Fayel, neveu de l’évêque de Paris Simon Matiffas de Bucy, finance la partie tournante des chantiers. Par ailleurs, le chanoine se fait représenter à l’extrémité du monument, agenouillé sur l’appui de l’arcature, à côté de celui de Jean Ravy (Musée du Louvre).

Caudron, leader lors des travaux de restauration de la cathédrale au XIXe siècle, tente de préserver les couleurs d’origines, ensuite ravivées par Maillol au milieu du XXe siècle.

Des scènes de la vie du Christ

La partie nord représente des scènes de l’enfance du Christ : la Visitation, l’Annonce aux Bergers, la Nativité, l’Adoration des Mages, le Massacre des Innocents et la Fuite en Égypte, la Présentation au Temple, Jésus au milieu des docteurs, le Baptême du Christ par saint Jean dans les eaux du Jourdain, les Noces de Cana, l’Entrée à Jérusalem, la Cène et le Lavement des pieds, le Christ au Jardin des Oliviers.

Autrefois, une Crucifixion couronne la porte d’entrée. L’histoire du Christ est complétée par Le Christ aux limbes, à l’extrémité sud du jubé (actuellement au Musée du Louvre).

La paroi sud représente les Apparitions du Christ. Inspirées de l’évangile de Nicomède, elles sont rarement aussi complètes dans la statuaire du Moyen Age. La première scène représente l’Apparition du Christ à Marie-Madeleine dans le jardin proche du Sépulcre. Cette apparition du Christ en jardinier subsiste jusqu’à la fin du Moyen Age. Les autres ensembles sculptés narrent les apparitions du Christ aux Saintes Femmes et à saint Pierre, aux disciples d’Emmaüs, à saint Thomas, et à divers apôtres réunis.

Deux styles, deux époques

Les deux parties du pourtour sont de style différent. Les sculptures du nord sont les plus anciennes. La composition est claire, les attitudes calmes, les vêtements amples aux larges plis perpétuent la tradition de l’art monumental du XIIIe siècle, dans la lignée de l’art roman. Au sud, la composition est plus complexe, garnie de détails pittoresques, les attitudes sont plus raides et les plis des vêtements cassants sont caractéristiques du gothique tardif.

Les techniques de sculpture diffèrent aussi entre les deux murs. D’une part, les murs nord sont recouverts de hauts reliefs. D’autre part, au sud, les sculptures sont en plein relief. Des groupes de colonnettes soutiennent les dais. Le style de l’architecture de l’enceinte du mur est traité différemment sur les deux parois. Au nord, des feuillages et des animaux monstrueux rappellent les sculptures des écoinçons du portail de la Vierge. Au sud les motifs décoratifs sont remplacés par des trèfles ajourés.

Évolution du culte

A partir du XVIe siècle, le culte évolue et les fidèles s’associent aux offices du chœur. Par conséquent, la plupart des jubés disparaissent.

En 1628, la reine Anne d’Autriche fait construire un nouveau jubé en bois abritant les autels de la Vierge au sud, et de saint Sébastien au nord. Par la suite, au début du XVIIIe siècle, de grandes grilles réalisées par Caffiéri remplacent le jubé de Notre Dame. Elles disparaissent ensuite pendant la Révolution. En conséquence, il ne subsiste aujourd’hui qu’une partie du pourtour de chœur, décorée de sculptures peintes.