Saint Pierre guérissant les malades de son ombre

par Laurent de La Hyre (1635)
Le May de 1635, peint par Laurent de La Hyre caractérise la peinture classique française en vogue à Paris dans les années 1630-1640. Le thème est tiré des « Actes des apôtres ».

Saint Pierre

Saint Pierre, et son frère saint André, sont les premiers disciples de Jésus. De ce fait, plusieurs Mays de Notre-Dame illustrent des moments de la vie de Pierre. Saint Luc rédige les récits des « Actes des Apôtres » dans le cinquième livre du Nouveau Testament.

Dans les écritures

Par les mains des Apôtres, beaucoup de signes et de prodiges se réalisaient dans le peuple. Tous les croyants, d’un seul cœur, se tenaient sous la colonnade de Salomon. Personne d’autre n’osait se joindre à eux ; cependant tout le peuple faisait leur éloge, et des hommes et des femmes de plus en plus nombreux adhéraient au Seigneur par la foi. On allait jusqu’à sortir les malades sur les places, en les mettant sur des lits et des brancards : ainsi, quand Pierre passerait, il toucherait l’un ou l’autre de son ombre. Et même, une foule venue des villages voisins de Jérusalem menait des gens malades ou tourmentés par des esprits mauvais. Et tous, ils étaient guéris. (Actes des Apôtres, chapitre 5, versets 12 à 16)

Le tableau

La composition se lit par plans successifs tels que le fil de l’histoire. Au premier plan, un jeune enfant pleure la mort de sa mère qui vient d’expier. Elle apparait blafarde, allongée, la main tout juste abandonné sur son enfant. Au second plan, Pierre, isolé au centre de la composition passe parmi les malades. Il évoque ainsi l’apôtre désigné par le Christ comme « la pierre sur laquelle bâtir l’Église». Son ombre se projette sur un homme au visage bandé qui l’implore à ses pieds. Il incarne alors l’allégorie de l’Église par laquelle les prodiges se réalisent. Au troisième plan, sous la colonnade de Salomon, d’autres malades sont au sol ou soutenus par des femmes.

Le thème du secours porté aux malades rappelle la charité de l’Église et l’Hôtel-Dieu, à proximité de la cathédrale. En effet, il s’agit d’un lieu d’hospice pour les pauvres et les malades. Le teint blafard de la femme morte, évoque également les épidémies de peste qui sévissent en France vers 1630.

Laurent de la Hyre (1606-1656)

De la Hyre traduit son goût de l’antiquité et de la culture classique par le décor antique de ses œuvres. Sa palette se caractérise par une harmonie de couleurs claires et pures. A Paris, il se présente comme un jeune peintre prometteur lorsque la confrérie lui commande le May de 1635. Finalement, le tableau trouve sa place dans le transept nord de la cathédrale. L’engouement autour de son œuvre lui permet alors d’accéder à une nouvelle commande : l’illustration de La conversion de saint Paul.